La Maison rouge

Maison Rouge à Saverne, derrière la mairie. Fresque de Roland Perret. illusions-murales.com
Cette façade située sur le parking de la mairie de Saverne a été réalisée en 1998.
En regardant bien la façade avant la réalisation, vous pouvez remarquer l’artifice qui a permis de placer un oriel (fenêtre en encorbellement sur un angle) et même une rue !
La façade est bien symétrique mais je l’ai « coupée », de manière à simuler un angle.Nous avons réalisé ce travail avec une équipe de 5 personnes en 3 semaines environ.
Pour le style de la maison et de son colombage, je me suis inspiré du quartier et de ses architectures plutôt modestes. Beaucoup de fresquistes « plaquent » souvent leur propre vision, leur style favori, leurs préférences, alors que j’estime que le cœur de ce métier est d’écouter, de regarder, de s’imprégner d’une ambiance générale, des objectifs de la fresque aussi, de manière à parfaitement intégrer l’œuvre dans son environnement.
Il est toujours intéressant et bienvenu de faire vivre les éléments architecturaux avec des personnages qui racontent une histoire autant que possible. Pour l’anecdote, je me rappelle ce couple d’habitants du quartier qui passaient tous les jours devant le mur en commentant notre travail. Vous savez que le son monte toujours et du haut d’un échafaudage, on entend parfois très bien ce qui se chuchote, tenez-le vous pour dit !
Après avoir un peu râlé les premiers jours, il faut dire que le démarrage d’une fresque n’est pas toujours engageant quand on est au niveau primaire des sous-couches, ce couple a trouvé formidable la peinture de la fenêtre avec le jeune garçon. Mais le lendemain, alors que j’ai rajouté les pigeons, ils se sont exclamés, entre eux et en Alsacien: « A ganze neue molereï et Vöjels schissé schon drov ! » (« une toute nouvelle peinture et les pigeons chient déjà dessus ! »).
Eh oui, la magie du trompe-l’eil, ils avaient réalisés que la fenêtre était peinte (logique, elle n’était pas là les jours précédents) mais pas les pigeons, bien qu’ils se soient posés sur une illusion…
Le tracé de l’oriel a constitué un vrai challenge. Il s’est fait à vue, en descendant-remontant l’échafaudage. Il a fallu régulièrement soulever les plateaux pour permettre de vérifier si l’effet perspective était satisfaisant. 23 ans plus tard, je pense que j’aurai pu mieux faire, mais bon…
Il y avait un décrochement horizontal du mur qu’il a fallu intégrer. j’y ai accroché une glycine.
Restituer une ruelle a été un autre morceau de bravoure. À l’époque, je me lançait sans maquette précise et les tracés se faisaient directement. C’est une mauvaise approche, qui nécessite beaucoup de tâtonnement à échelle réelle et qui fait perdre finalement du temps. ceci dit, je m’en suis tiré honorablement, je pense.
Je n’oublierai jamais cet orage d’été dont la pluie, poussée par un vent horizontal, a brusquement frappé de plein fouet cette pauvre femme. Tout son corps dégoulinait et je l’ai vu fondre au bas du mur ! Il a fallu attendre que le mur soit à nouveau parfaitement sec pour tout recommencer.
Suggérer des histoires par des interactions…
C’est le portrait d’un chat qui rôdait dans le quartier. J’aime bien intégrer ma signature sur un papier qui traîne dans la fresque. Je trouve cela plus élégant que de signer comme un tableau, qui place la signature sur plan vertical, une vitre imaginaire.

Détail de la fresque de Wisches avec Marilyn Monroe et Clint Eastwood par Roland Perret

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